Moïse et autres nouvelles inédites de Sylvia de Remacle

Quatrième de couverture

Six histoires tumultueuses, qui ont émergé de ses deux grandes sources d’inspiration : les chevaux et la mer. Dans ses textes, la tempête n’est jamais loin, mais une maison, toujours, est donnée pour point d’ancrage aux vies accidentées qui naissent sous sa plume.

Mon avis

Je tiens tout d’abord à remercier Short Editions de m’avoir permis de lire ce recueil de nouvelles qui m’a beaucoup plus. Comme mentionné dans la 4e de couverture, l’inspiration première et les thèmes communs aux nouvelles sont les chevaux et la mer, qui d’ailleurs prend plus d’importance par rapport à l’autre.

Moïse

Cette nouvelle raconte l’incroyable voyage d’une jeune femme qui ramenait des chevaux dans son pays mais qui à cause d’un naufrage a vu la vie changé à jamais. C’est une très belle nouvelle, très touchante et pleine de sensibilités. On voit que les chevaux sont une chose importante aux yeux de cette narratrice qui leur voue un amour inconditionnel au point de tout pour sauver ses bêtes malgré la mort imminente. Cette nouvelle est toute en émotion, c’est assez difficile d’en dire plus parce que c’est un ressenti, voire si on est tout d’abord touché par l’écriture de l’auteur et ensuite par l’histoire qui est raconté. Même si elle n’est pas très longue, elle est suffisante et a su me plaire et me captiver dès les premiers instants.

Malgrétout

Cette nouvelle raconte l’histoire de Mathieu dont la grand-mère est sur le point de mourir. Elle lui demande une dernière chose avant d’expirer : retrouver le 9 Chemin de la Falaise. Après son décès, Mathieu par des Etats Unis pour se rendre en France et tenter de retrouver cette fameuse maison. Le voilà ainsi parti, à la quête de son identité et rendre un dernier hommage à sa grand-mère. C’est une très belle nouvelle qui m’a bien plu. L’écriture de l’auteur est vraiment très belle et agréable donc la moindre description rend le tout très touchant et beau.

Blizzard

En plein hiver, avec des tempêtes de neige qui ne cessent pas depuis des jours, une jeune femme, coupée du monde à cause du mauvais temps, se rend dans sa propriété pour vérifier qu’il n’y a pas de problème, lorsqu’elle se rend compte qu’il manque l’un de ses chevaux. Elle fait le tour de la propriété pour le retrouver et le voit bloqué. Elle doit alors agir vite pour le libérer… C’est une nouvelle sympathique en soi, mais un peu trop courte à mon goût pour pleinement l’apprécier. Surtout après avoir lu Malgrétout. Elle m’a moins touché et plu que les précédentes. Elle montre le dévouement de cette femme pour ses chevaux ainsi que son courage malgré les galères qu’elle peut rencontrer et cela à cause essentiellement du mauvais temps qui perdure.

Port Racine

Cette nouvelle raconte la vie d’Aurèle Racine, la descendante d’un fameux pirate porté disparu en mer avec son fils. Dès son enfance, elle a été élevée comme un garçon par son grand-père, sans que sa mère ne puisse redire quoi que ce soit. Jusqu’à ce qu’elle finisse par prendre les devants à la mort de ce dernier en mettant son père dans un asile, sa fille dans un pensionnat. Aurèle voue ainsi une haine farouche à sa mère, devenir un garçon manqué et va ainsi profiter de la vie avec cette rancœur en faisant toute sorte de choses… Mais les secrets de famille sont toujours légions, que pensera-t-elle de tout ça, une fois qu’elle aura découvert la vérité sur les siens ? C’est nouvelle m’a beaucoup plu avec un registre très différent des trois premières qui étaient plus dans l’émotion. Plus longue que la précédente, elle raconte une vraie histoire assez complète, avec comme fil conducteur la quête… Le ton est vraiment différent entre le début et la fin. On voit que la narratrice grandit, que sa rancœur fait de même jusqu’à ce qu’elle finisse par changer à cause de la situation (l’histoire se déroule en grande partie pendant la 2e Guerre Mondiale) et de ses découvertes. C’est assez étonnant de voir ce changement se faire de manière si subtile et en si peu de pages. Le rendu est très réussi.

La sereine

Cette nouvelle raconte l’histoire d’un frère, Nino et de sa petite sœur, Cèdra, qui ne parle pas, et cela à cause de traumatisme liée à sa famille. C’est une enfant qui s’est murée dans le silence pour disparaître et se faire oublier. Alors chaque jour son frère essaye de lui réapprendre à sourire, à vivre, à être heureuse et surtout à la faire parler. Mais les cauchemars et son mutisme continuent. Pourtant un jour, une conteuse vient dans le bar où Nino et Cèdra ont l’habitude d’aller et cette conteuse pourrait bien changer la vie de la petite fille. J’ai adoré cette histoire, c’est mon coup de cœur. C’est la meilleure nouvelle du recueil. Elle est touchante, magnifique, et pourrait presque faire monter les larmes aux yeux tant c’est superbe. L’histoire est vraiment géniale et j’en avais le cœur serré de lire cette nouvelle, je vous l’assure. On voit tout l’amour d’un frère pour sa sœur, ses tentatives pour la faire changer, sa culpabilité aussi… Vraiment très touchant

Océan-Nuit

Cette nouvelle raconte l’histoire d’une jeune fille qui « découvre » la mer, et qui va finir par s’enfuir de chez elle et prendre, littéralement, le large. C’est une très courte nouvelle, qui invite au voyage, assez onirique aussi, comme si tout ça n’était qu’un rêve. Mais au final, cela reste en quelque sorte une quête d’identité, comme d’autres nouvelles de ce recueil. C’est très beau, très touchant et finalise très bien ce recueil.
  

Conclusion

En bref, ce recueil est vraiment très beau et touchant et nous invite soit à un voyage, soit à une quête (souvent d’identité). La plume de l’auteur est vraiment magnifique et agréable à lire, j’ai été transportée à chaque fois (sauf pour une) dans ses histoires. Elles sont singulières, toutes différentes les unes des autres, même si le thème des chevaux ou surtout de l’eau reste présent pour en faire un recueil homogène. Une très belle surprise pour moi en tout cas.

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